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[Par Emma H] Cette conférence a eu lieu le lundi 3 décembre à 17h30 à l'Unil et avait pour thème : Le leadership a-t-il un sexe ?
C’est ce que la conférence de la vaudoise a souhaité explorer en invitant Franciska Krings, professeure à la Faculté des HEC de l’UNIL, Eglantine Jamet, Founding Partner d’Artemia, et Karim Abdelatif, directeur des ressources humaines de la Vaudoise Assurances. Lors de cette conférence chaque intervenant-e a interrogé notre rapport au leadership ainsi que la sous-représentation des femmes dans les postes de dirigeants.
Nous avons entendu en premier le point de vue de Franciska Krings, qui nous a expliqué qu’à la suite d’études supérieures les femmes sont moins représentées dans le milieu du travail, ce qui est un obstacle à l’accès de poste de cadre. Cependant ces dernières années, les directions de l’université de Lausanne et de l’EPFL montrent un réel engouement face à cette thématique. Cet enthousiasme est aussi partagé par les entreprises qui cherchent à agir face à ce manque, ceci grâce à des objectifs ainsi que des efforts comme par exemple faciliter l’embauche des femmes ou bien faire des formations. Cependant l’impact de ces efforts est minime. En effet, l’accès des femmes aux des postes de manager est resté stable depuis longtemps (environ 30% depuis 5 ans). De même pour le corps professoral qui a entre 10%-20% de femmes à l’UNIL. Il faut donc avoir recours à des méthodes plus efficaces, comme comprendre ce que la diversité peut nous apporter ou encore faire un recrutement ciblé.
Pour donner suite à cette intervention, Eglantine Jamet nous a interrogé sur pourquoi la mixité est importante. En effet, l’égalité en entreprise est souvent perçue comme une lutte exclusivement féministe, qui serait donc clivante et par laquelle les gens ne se sentiraient pas nécessairement concernés. Cette discussion entraîne tout un ensemble d’idées reçues comme le fait que les femmes n’auraient jamais travaillé avant la Seconde Guerre Mondiale, ou encore que l’égalité des sexes serait une lutte qui a été linéaire dans le temps. Ces idées reçues ont joué sur notre conception de l’entreprise telle qu’elle est structurée aujourd’hui. Elle se voit notamment par la structure pyramidale, très proche du modèle militaire, de la séparation entre travail et vie privée, un héritage de l’ère victorienne où l’idéal bourgeois d’une femme à la maison et d’un homme au travail est valorisé, ou bien encore un leadership qui valorise l’ego, le pouvoir et une certaine culture du chef, emprunté encore une fois au militaire. Ces modèles sont aujourd’hui, dans une optique de diversité, obsolètes.
En effet, la mixité est un levier pour les performances financières.
Elle permet à l’entreprise d’exploiter le talent de chacun en attirant et promouvant les femmes. Afin de palier au manque de femmes dans les positions de leadership, la direction doit avoir la volonté d’établir un dialogue afin d’impliquer, d’informer et enfin de financer ce changement.
Augmenter la proportion de femmes c’est aussi confronter d’autres points de vue, d’autres perspectives.
Ces mesures peuvent commencer par la présentation de 50% de profils de femmes aux entretiens, par du mentoring ou bien encore la mise en place de temps partiels pour les deux sexes.
Enfin Karim Abdelatif nous montre, par le biais des chiffres sur les égalités de genre à la Vaudoise, que dans le monde de l’entreprise, les statistiques ont énormément évolué depuis 20 ans. En effet, en 2018, 34% des cadres sont des femmes contre 12% en 2000. La parité ne semble donc pas si utopique. Il nous interroge ensuite sur ce qui fait un bon leader. Cela se résume en trois capacités : la compétence, le résultat et la capacité à fédérer. Or sur la thématique des compétences, les hommes ainsi que les femmes sont pratiquement à égalité: les femmes ont le même niveau de compétence que les hommes à poste équivalent. Maintenant, si nous regardons si les objectifs annuels ont été atteint, les résultats sont légèrement supérieurs chez les femmes. Ceci reflète aussi leurs augmentations salariales plus importantes ces dernières années. Cependant ces résultats ne représentent en aucun cas la différence de salaire, mais bien leurs capacité à obtenir du résultat. De plus, l’engagement des employés est en moyenne plus élevé avec une division dirigée par des femmes (environ 7,4/10 contre 7,0/10 pour les hommes).
A travers cette conférence, il est possible de voir de façon frappante que le leadership n’est pas une question de sexe mais plus un biais qui renvoie à des stéréotypes propres à la société dans laquelle nous vivons. Il est donc important que les entreprises construisent un avenir où la diversité ne sera plus un poids ou une contrainte, mais un atout.