Le Samedi 3 Novembre, je me suis rendue à la Table Ronde de l'événement Start-ups & Innovation : Femmes, moteur de changements, organisée par l'Association des étudiants Polytechniciens Marocains de Lausanne.

Quelques chiffres concernant le Maroc, donnés par l'OCP :

  • les femmes représentent 60 % des diplômé·e·s
  • les femmes représentent 25 % des travailleur·se·s
  • les femmes représentent 4.3 % des postes à responsabilités

La table ronde était modérée par un médecin et accueillait une politicienne, une manager dans l'industrie, une créatrice de start-up ainsi qu'un responsable d'achats et fusions pour représenter le secteur financier.
La discussion s'est ouverte avec la prise de position suivante :

"Je suis contre la diversité. Je suis pour l'égalité proactive car elle génère de la diversité active. Cependant la diversité seule peut laisser en réalité une inégalité passive."

Première question : Pourquoi les femmes se sentent minoritaires dans les start-ups et entreprises ?
Tout d'abord, quand une femme arrive dans une entreprise, c'est un processus similaire à un·e étranger·e : elle doit prouver ses capacités et sa valeur.
Certains freins sont identifiés :

  1. les stéréotypes et biais, qui sont intégrés dès la petite enfance, affectent notre perception et n'associent pas les femmes avec cette "culture de risque" ou les "pitchs aggressifs".
  2. la personnalité et les comportements : on attribue souvent aux femmes le pragmatisme, la rigueur et l'exigence envers soi. On pense qu'elles ont rarement confiance en elles, ce qui complique peut-être la tâche lorsque les investisseurs sont habitués à "appuyer là où ça fait mal".
  3. le plafond de verre, bien réel au Maroc, en Europe et ailleurs
  4. le secteur technique peu attractif : lorsque le potentiel de ces start-ups est élevé, le manque de promotion entraîne un faible taux de femmes dans les universités et écoles techniques.

Une autre opinion plaçait la femme comme naturellement entrepreneure : à l'intérieur d'un foyer, elle est directrice des achats, de la gestion, des opérations etc. La femme aurait donc un entrainement certain pour l'entrepreneuriat. Les femmes sont également souvent vues comme plus rationnelles, plus réfléchies quand à la prise de risques.

Deuxième question : Quelles sont les difficultés pour lever des fonds ?
C'est un monde très aggressif, mais dans la bataille, les femmes ont besoin de se battre encore plus et faire preuve de persévérance. Les "Venture Capitalists" constituent un monde d'hommes. Les fonds d'investissements se féminisent mais très lentement. Il y a non seulement peu de candidates mais il faudrait aussi davantage de femmes qui investissent. Cela dit, un exemple de fond d'investissement présidé par une femme a été donné : sur les 50 start-ups financées, seulement une est présidée par une femme. L'espoir est placé chez les Millenials qui ont une vision plus égalitaire en Europe et initient le changement.
Le Boston Consulting Group a fait une étude sur 50 start-ups américaines :

Pour $1 investi, si le CEO est une femme, le profit est de $0.78.
Pour $1 investi, si le CEO est un homme, le profit est <$0.30.

Des faits concrets sont nécessaires pour accélérer la confiance. Les levées de fonds nécessitent néanmoins des projets ficelés avec des Business Plans solides.
Il a été mentionné que les investisseurs féminines avaient un meilleur taux de rentabilité également.

Troisième question : Que doivent faire les femmes, les hommes et l'Etat ?
Au Maroc, beaucoup de femmes n'osent pas se lancer pour des raisons de sécurité financière. Plusieurs actions sont lancées :

  1. Initiatives de sensibilistation : informer sur l'entrepreneuriat et les domaines techniques dans les collèges et les lycées avec des Success Stories et des Mentors. Il est nécessaire de parler des parcours et des obstacles.
  2. Créer des Réseaux de femmes : permettre le coaching et l'inspiration.
  3. Role Models : les entrepreneures ont un rôle éducatif pour la nouvelle génération et de communication à propos de leurs capacités.
  4. Valoriser les projets à succès

Il a été mentionné la "Journée des Métiers" en Suisse, où les jeunes garçons vont une journée explorer le travail de leur mère et les jeunes filles le travail de leur père.

Les femmes doivent avancer, il faut arrêter la victimisation et bosser, y croire et foncer : ne pas s'arrêter à notre statut de femme.

Les hommes doivent faire un effort pour regarder le projet de start-up indépendamment du sexe de la personne qui le soumet. Cependant, les investisseurs pourraient regarder d'un nouvel oeil les projets portés par des femmes car ils présentent une meilleure opportunité ;)

"Je ne demanderais rien aux hommes. Je le prendrai."

Le mot final de cette table ronde soulignait qu'il ne fallait pas voir l'échec d'une start-up comme tel mais plutôt comme une étape permettant l'apprentissage et donnant de meilleures chances pour un futur succès. On note que les événements de réseautage permettent le partage de ces erreurs pour faciliter la réussite.

Conclusion personnelle
Si les aspects mentionnés sont intéressants et pertinents, il me semble important de préciser qu'ils sont basés sur les rôles genrés actuels. Je ne suis pas convaincue que les femmes sont de nature pragmatiques et averses aux risques en opposition aux hommes. A court terme, ces solutions seraient positives. Pour le long terme, il me parait davantage bénéfique de se concentrer sur une éducation plus neutre pour s'éloigner de rôles genrés. Les femmes auraient alors la possibilité d'être ambitieuses et les hommes tout autant dans la réflexion.