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Le mythe de la virilité. Un piège pour les deux sexes - Olivia Gazalé

Cet article est un résumé venant de notes prises en écoutant le podcast de l'émission quotidienne Les chemins de la philosophie sur France culture, ayant pour sujet Le mythe de la virilité, avec pour invitée Olivia Gazalé, Professeure de philosophie et autrice du livre éponyme.

Ce podcast nous sert de point de départ à notre café discussion du 13/12/18 sur le thème de la masculinité.

Lien vers le podcast (58mn)

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Il faut tout d’abord savoir différencier les définition de masculinité et de virilité. Olivia Gazalé nous explique que masculin signifie ce qui touche à l’homme tandis que la virilité vient du Latin Vir qui veut dire masculin. La virilité est la construction sociale qui correspond à “l’excellence de l’espèce humaine”, qui amène à l’infériorisation de la femme et de la féminité en général et donc par extension de tous les hommes qui ne se prêtent pas à la définition rigide de la virilité.

Si la définition de masculinité a pu changer au cours du temps, celle de la virilité est restée la même. La virilité est le symbole du pouvoir, de la puissance. C’est une construction sociale hégémonique, unique, un idéal de force, de courage, d’honneur, un goût de la conquête, de la gloire, du sacrifice. La virilité représente l'invincibilité et la puissance, elle enjoint à la rétention émotionnelle, à ne pas montrer que l’on souffre (stoïcisme).

La virilité représente donc un idéal humain que seuls les hommes peuvent atteindre et que tous les hommes doivent atteindre, une idée paradoxale et dure. L’homme viril se crée pendant son éducation, on apprend au petit garçon à ne pas pleurer, à mépriser toute forme de féminité, à être fort, à ne pas montrer ses émotions. Selon Olivia Gazalé, il est plus facile de faire d’une fille une femme que d’un garçon un homme, car celui-ci doit s’extraire du sein maternel et du féminin pour imposer sa puissance et devenir fort. Les rites de passage, qu’ils soient explicites ou implicites, montrent bien celà.

L’homme doit incarner un tel idéal de puissance et de contrôle (contrairement à la femme qui “subit” ses menstruations, ses grossesses etc…), que dans la Grèce Antique, les seuls rapports humains dignes étaient entre hommes (homoromantisme), et les rapports sexuels avec les femmes étaient réservés à la reproduction, seule chose à laquelle la femme était censée servir. Dans les forums romains, on allait même jusqu’à contrôler ses éternuements et bâillements, car seule la femme ne pouvait se contrôler.

La virilité ne laisse aucune place pour une définition souple de la masculinité, et force les hommes à suivre cet absurde idéal de puissance. Ceux qui ne le suivent pas sont victimes de discriminations. Olivia Gazalé prend l’exemple de l’utilisation extrêmement courante des insultes homophobes qui sont dites dans des objectifs d’infériorisation et ancrées dans la culture. Ces insultes visent presque toujours l’homosexualité masculine, un homme homosexuel n’est effectivement pas vu comme un homme dans la vision de la société.

La virilité est tellement propre à l’homme qu’il n’existe pas d’équivalent féminin. Le féminin est opposé au masculin et l’homme à la femme, mais l'idéal de virilité ne peut être atteint que par un homme. Un homme qui ne suit pas cette masculinité rigide, est vu comme n’étant pas réellement un homme.

Olivia Gazalé insiste sur le fait que ce mythe de la virilité est non seulement très mauvais et toxique, mais qu’il fait souffrir les hommes et que très peu d’entre eux s’en rendent compte. Les femmes ont en effet déjà fait leur révolution interne contre les stéréotypes sexués, et les définitions strictes de la féminité. Les hommes ont encore ce travail à faire, et la masculinité unique qui doit être suivie dans cet idéal viril doit devenir pluriel, car Les Masculinités sont multiples.

Il y a autant de masculinités et de façons de la vivre qu’il y a d’hommes, mais il faut d’abord réussir à se débarrasser de ce mythe de la virilité. Selon Olivia Gazalé, une cause Masculiste (et non Masculiniste, la cause visant à défendre les hommes des femmes) doit faire son chemin.

Les hommes sont les victimes de leurs propres oppressions, et c’est à eux de combattre pour se sortir de ces oppressions très néfastes.