[Par Pacôme]

Ce jeudi 03 Mars s’est tenue la deuxième conférence sur le harcèlement et la prévention prévue par L’ACIDUL, avec trois intervenantes : Karine Lempen, professeure de droit à l’Unige et spécialiste de la loi sur l’égalité, Catherine Lazor, médecin cheffe au CHUV et spécialiste de la santé du travail, ainsi que Véronique Ducret, directrice du deuxième Observatoire, institut romand de recherche et de formation sur les rapports de genre.

Madame Lempen s’est intéressée à la question du harcèlement d’un point de vue juridique, examinant les définitions légales du harcèlement psychologique et sexuel. Le harcèlement psychologique ne possède pas de définition légale exacte et les magistrats se basent sur une jurisprudence qui n’a été élargie qu’en Décembre 2017 seulement, pour préciser que plus que l’intention, c’est l’effet sur la victime qui est déterminant. Le harcèlement sexuel est, lui, clairement défini par l’article 4 de la loi sur l’égalité et l’intention de l’auteur n’est pas prise en compte. Donc, si un homme déclare « oh mais c’est une femme, elle n’a pas le temps pour ça avec ses enfants » (propos rapporté par l’étude « Carrière académique à l’Unige, le facteur humain »), il ne peut se justifier en disant qu’il s’agissait d’une blague. Furent ensuite rappelés les devoirs de protection des employeurs inscrits dans la loi Suisse, qui à ce titre, doivent prévenir toutes situations de harcèlement et en sanctionner les auteurs pour y mettre fin, si cas concret il y a.

Dre Catherine Lazor s’est quant à elle concentrée sur les conséquences sur la santé des personnes concernées. Il est important de faire la distinction entre les facteurs individuels, c’est-à-dire les comportements d’individus, et les facteurs institutionnels (stratégies de gestion…). Les conséquences sur les victimes peuvent aller du trouble du sommeil ou du comportement alimentaire, au syndrome de stress post traumatique, voire au suicide. C’est pourquoi il est primordial pour les médecins qui prennent en charge ces personnes de leur accorder des longues séances pour favoriser l’écoute empathique et sans jugement.

Enfin, Madame Ducret s’est exprimée sur la difficulté pour les femmes harcelées (et les hommes, bien que minoritaires) de se faire entendre dans une culture qui reste sexiste, terreau fertile pour le harcèlement. Elle a rappelé les craintes des victimes : ne pas être crue, être victime de représailles, devoir abandonner ses études ou son emploi, ou encore se voir reprocher de ne pas en avoir parlé plus tôt. Tous ces obstacles freinent la prise de conscience, culpabilisent la victime et déresponsabilisent les auteurs de harcèlement, à grand renfort de « elle l’avait bien cherché », « elle ment », « elle le voulait au fond ». Pour lutter contre ce système, il faudrait simplifier les procédures de plainte et d’écoute, et à long terme éradiquer le sexisme à la base de ces comportements.